mardi, juin 02, 2009

Mail

Désolée si le mail qui va suivre est un peu dur à suivre, je l’ai écrit en plusieurs fois. S’il est un brin impersonnel c’est que le nombre de destinataire est un tant soit peu grand. Mais voilà, j’espère que vous le lirez.

« Commencé le Dimanche 31 mai 2009 au soir

La loi du tout ou rien.

Tel le potentiel d’action, je suis cette loi. C’est généralement rien plutôt que tout, mais si j’arrive à envoyer ces mails, ça passera à tout.
Pourquoi ce mail qui commence bizarrement ? Pour dire à tous quelque chose que je suis généralement incapable de dire, qu’il me coûte d’écrire en ce moment : je ne vais pas forcément bien. Tout le monde sait que j’ai un côté renfermé, mais en réalité je crois que personne ne se doute à quel point je peux être refermée sur moi-même pour certaines choses. Je ne sais pas appeler à l’aide, je ne sais pas dire que « ça ne va pas ». Si j’envoie ce mail à tant de personne (même si vous ne verrez pas forcément à qui j’envoie tout ça, car je risque de faire des versions quelques peu différentes selon les personnes, même si le contenu sera généralement le même, peut-être juste parfois des façons de raconter différente), c’est bien parce que j’ai été incapable d’appeler Laura pour lui dire ce qui n’allait pas ce soir, incapable même de lui demander de venir sur MSN pour lui en parler (car si vous ne le savez pas, je ne suis pas à l’aise avec les conversation téléphoniques, et quand il s’agit d’ « avouer » quelque chose, l’écrit est plus facile quand on a pas assez de courage comme c’est mon cas). Je ne l’ai pas appelée, envoyé de sms, juste parce que je me disais que bon, à 22h il était tard pour quelqu’un qui n’avait pas encore passé ses partiels et qu’elle n’avait peut-être pas la possibilité de se connecter à ce moment là (un ordi/une connexion pas disponible), et aussi parce que je rechignais à lui confier une histoire de cœur juste parce que j’ai peur de l’embêter elle qui est célibataire pour le moment, peur de l’embêter et peut-être (c’est peut-être idiot comme idée) que ça lui fasse de la peine. Mais cette fois je me suis bien rendue compte que les excuses pour ne pas parler était vraiment minables, parce que 22h ce n’est pas si tard que ça et que Laura l’année prochaine recommencera en L1 de bio et qu’il y a donc de fortes chances que notre amitié puisse peser plus que ses partiels. Et ça m’a donc fait replonger sur quelque chose qui me tourmente : ne pas savoir appeler à l’aide.
Appeler à l’aide pour quoi ? A propos de quoi ? A propos de sales peines que je traine depuis des années et des années. Pour savoir l’histoire je vais en fait vous envoyer sur un lien où j’ai écrit, à une personne qui a été une très bonne amie bien que la relation ne soit que par internet, des souvenirs qui me torturaient. Voilà le lien : http://alphaz.canalblog.com/ -à lire à partir du dernier message vers le premier- (Pour ceux qui ignorent que j’ai une « vie » sur internet, et même ceux qui le savent mais n’en font pas partie, vous trouverez peut-être à un moment un autre lien qui renvoie sur un article d’un blog que je tiens et qui n’est connu donc que de gens que j’ai connu par internet, du moins jusqu’avant ce mail. Enfin, peu importe.)
Mais au fil des années, ce n’est pas juste ces souvenirs qui me font mal, ce n’est pas juste le fait d’avoir toujours peur que les autres me rejettent, peur de me retrouver de nouveau seule, peur de la solitude. Solitude que j’associe à de très mauvais moments. Ce qui me fait mal c’est aussi de me savoir si sensible, si faible, si marquée par ces années collèges. C’est savoir que je suis faible au point d’en pleurer encore des années après, et ce même plutôt régulièrement. Je ne saurais dire si ça arrive une fois par mois, des fois il y a peut-être un mois où je n’y pense pas, mais il y a certains mois où ça m’arrive plusieurs fois. Pleurer seule dans mon lit c’est l’unique moyen que j’ai toujours eu d’exorciser un peu le mal, à part peut-être des feuilles où j’ai écrit rageusement dessus ce qu’il me passait par la tête pour qu’elles finissent finalement rangée dans ma table de nuit sans plus jamais en sortir. Jamais je n’ai réussit à franchir le pas de prendre mon téléphone pour appeler Laura, Lisa, Pauline ou Alexis à l’aide. Parce que mes crises de larmes avaient toujours lieu à au moins 23h, si ce n’est pas plutôt 1h, 2h, 3h du mat’ et que n’ayant déjà pas le courage de dire que ça ne va pas, ces heures là ne m’aidaient pas. Et plus le temps passait comme ça, moins j’osais en parler par peur de blesser, vexer en avouant qu’avant je n’étais pas capable de leur parler. Peur qu’on prenne mon blocage comme un manque de confiance. Je ne sais pas à quel point c’est un manque de confiance, mais si c’est le cas alors il faut croire que je n’ai confiance en absolument personne. Ni mes parents, ni mon frère, ni Laura, Lisa et Pauline qui sont mes 3 meilleures amies, ni même en Louis même au moment où j’étais amoureuse. Parce que si à lui j’avais fait lire le lien donné plus haut, qu’une fois je lui en avait parlé en face de ces souvenirs douloureux, je ne l’ai pour autant jamais appelé dans tous ces moments où je pleurais seule dans mon lit, et il n’a jamais su que je pouvais ressasser tout ça à cette fréquence.
J’avoue que j’ai une peur bleue de vous envoyer ce mail, parce que c’est dur. Il y a sûrement d’autres choses à dire, mais je n’ai pas la force de formuler tout ça de façon cohérente. Je suis un peu trop fatiguée pour ça, fatiguée certes par deux fêtes successives, mais aussi d’avoir pleurer en pensant à ça, fatiguée d’avoir pleurer en écrivant tout ça. Fatiguée de cacher mes pleurs, ma tristesse. Fatiguée de ne pas savoir sortir de ma chambre pour aller chercher du réconfort au près de mes parents alors que j’en aurais très envie, fatiguée de ne pas savoir tout dire à Laura, Pauline, Lisa et Alexis. Fatiguée de ne pas avoir su réveiller Fabienne et Lauriane quand je n’arrivais pas à dormir et que je ne me sentais pas bien. Fatiguée d’avoir eu la gorge nouée quand à la soirée on cherchait à parler sincèrement et notamment de ce qu’on pensait les uns des autres. Fatiguée d’avoir mal sans même plus trop savoir pourquoi des fois. Parce que si je ne parlais pas non plus il faut dire que c’est que je me disais toujours que bon, je n’étais pas non à plaindre, y’a bien pire que moi. Mais si je passe le pas, c’est que y’a plusieurs fois où je me suis dit que tout de même pleurer autant ce n’est pas normal. Je sais qu’il y a d’autres gens qui ont vécu des choses similaires, mais je n’ai aucune idée de si les gens en pleurent autant, s’ils en sont autant marqué, s’ils en souffrent de la même manière. Et surtout je ne sais pas si les gens le gardent autant enfermé en eux. Mais ce que je sais c’est que je voulais vous dire tout ça. Je ne sais pas ce que je veux en retour, j’ai fichtrement peur des réactions que ce mail peut donner. Je ne sais pas si je ne risque pas d’éteindre mon portable après ça pour ne plus être joignable pendant quelques temps, ou peut-être que j’aurais envie de voir des gens, je ne sais pas trop. J’ai l’impression que le futur, le futur proche est un brouillard épais dont je ne connais pas encore la consistance. Mais… Ce que je veux c’est savoir me tenir debout toute seule. Je dirais presque me tenir debout face à une tempête, tempête qui serait le poids de vos regards sachant tout ça, sachant toutes mes faiblesse, car oui j’ai une trouille bleue du regard des autres, et que oui il m’importe et que je ne peux pas vraiment en être détachée.

Au moment d’envoyer ce mail je ne sais plus trop pourquoi je l’envoie, mais tout ce que je sais c’est que je ne dois surtout pas l’effacer et faire marche arrière…

8 commentaires:

Elnaië a dit…

Je pense que moi, je savais.
Même qu'une fois, on en avait parlé, mais assez rapidement.
Je pense même que j'ai jamais osé te demander un simple "ça va", parce que même si je t'apprécie énormément, je suis comme avec tout le monde : j'ose pas aller les voir, croire qu'ils ont envie de me dire ça.
Et pourtant, je savais, je sais, que tu es réservée. Et je sais aussi - je ne veux pas m'approprier tes problèmes, loin de là -, ce que ça peut faire, d'être réservée.
Et ça serait hypocrite, de te dire maintenant que tu peux venir me parler quand tu le veux, bien que ça soit vrai, parce que j'ai jamais fait l'effort de venir vers toi.
Encore moins cette année, où on s'est beaucoup moins parlé, bien que je me sois souvent demandé comme ça se passait la médecine, avec Louis, toussa.

Bref, je m'embrouille, je voulais commenter, même en me disant que je ne suis probablement pas concernée par ce message, mais j'avais peur de dire des banalités, des choses inutiles.

- Bref, je vais publier ce commentaire, avant de me débiner, tiens. -

Bisous pour toi, ma Lada.

Fallen/Tillia/Swany/Chiyoko-chan/Lou. a dit…

Bon, je suis très nulle pour laisser des commentaires en règle générale, mais je dois dire que ce mail a réveillé des choses en moi en fait. Parce que dans ce moments-là, mes sales années collège remontent à la surface avec la désagréable envie de tout effacer pour refaire tout ce qui m'a fait défaut et tout ce qui a été de travers, tout ce que j'ai souffert.

Je suis comme toi, je ne sais pas appeler à l'aide. Et les rares fois où j'ai essayé de le faire, ça m'est revenu dans la figure. Les gens n'ont pas compris. Pas compris que derrière ce sourire et cette joie de vivre inébranlable, il pouvait y avoir des failles, comme tout le monde. Donc ça vaccine vite de s'épancher sur l'épaule de quelqu'un, et on prend l'habitude de se débrouiller toute seule.

Bon, je vais arrêter de raconter ma laïfe parce que ça intéresse personne, et c'était surtout pour dire que, même si on ne s'est jamais rencontrées en vrai, j'aime bien ce que tu as pu me transmettre de toi par le net, et j'aime beaucoup penser à nos folles années sur PI, toussa toussa.
Et dire aussi qu'on est tous humains malgré les apparences toutes lisses et les gens qui ont l'air d'avoir tout pour eux, sans aucuns problèmes, et bien il y a toujours un malaise derrière, quoiqu'on en dise.

Bref, je crois que je vais arrêter de raconter n'importe quoi, et revenir à des choses plus futiles (comme dire des conneries sur la nouvelle star avec mes coupains sur facebook -d'ailleurs t'as pas de Fessebouc toi? ^^) En tout cas, même si on a comme quasi seul lien nos blogs respectifs -et qu'on n'y met pas grand chose dessus- j'aime bien garder ce lien avec toi miss :)

Bisous :*
(Et bravo si qqn a compris qqch.)

Horizon Z a dit…

Bah, en fait si, tu es concernée par ce message Julie, parce que si je l'ai posté ici ce mail aussi, c'est que j'ai hésité à envoyer le mail à des gens comme toi ou Camille ou d'autres, et qu'au final je n'ai pas pris le temps de le faire. Et bon, je me doutais que ça serait lu ici donc je l'y ai mis.

Et sinon je m'en fous pas de vos vies, merci pour vos messages à toutes les deux :x
(et non j'ai pas fessesdebouc)

Demoiselle aux myosotis a dit…

En découvrant ce post hier, j'ai pas mal hésité sur la marche à suivre. Est-ce qu'il fallait répondre "en public", est-ce que je devais plutôt t'envoyer un sms plus sobre, plus privé, un mail, ou fallait-il seulement répondre ? Un peu comme le disait Elna, "est-ce que cela me regarde, après tout ?"

Finalement j'ai décidé d'attendre un peu, de réfléchir et d'aviser. Puis en arrivant ce matin, j'ai découvert le petit échange qui avait lieu ici et je me suis dit que je devais pouvoir y participer.

Je crois que je fais malheureusement partie des "connards qui disent qu'il faut les ignorer", je crois d'ailleurs qu'on avait déjà un peu abordé le sujet, sans l'air d'y toucher, par commentaires interposés sur ce blog, ou peut-être sur le mien. Seulement pour ma défense, je dirais que j'ai aussi expérimenté pour avoir "le droit" de dire ça.

Après, je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, et que c'est encore plus facile de le dire une fois qu'on n'a plus vraiment le problème.
Les années collège ont vraiment été les pires de ma scolarité sur un plan relationnel. Le truc, c'est que j'ai toujours été poussée par ma mère pour exercer mon libre arbitre et ne pas me comporter comme un mouton. Peut-être que c'est une bonne chose aujourd'hui, mais quand on a 10/15 ans, c'est plus compliqué à gérer. Du coup j'ai sans cesse été prise entre la peur de ne pas être acceptée par mes pairs, et la peur de décevoir ma mère. C'est le genre de dilemme qui pourrit la vie. "Ou bien je fais comme tout le monde, j'ai des amis, mais ma mère me considère comme une moins que rien, ou bien je fais ce qui me semble juste, je me retrouve seule contre tous et ma mère n'en saura rien de toute façon."

J'ai eu droit à tout. Du simple "intello" qui devient la pire des insultes aux pires grossièretés, de la persécution quotidienne du style de celle que tu décris avec l'histoire de la trousse aux crachats et aux coups, en passant par toute la pression morale qu'on peut endurer. Quoi qu'on fasse, c'est jamais bien, c'est toujours nul, on est toujours mal habillé, on sent toujours mauvais et si on va se plaindre, on est la dernière des raclures.
Voilà, ça a été ma vie au collège. Pourquoi ? Je pense que ça ne sert à rien de chercher des explications, ce n'est jamais juste. Parce que ce n'est pas parce qu'on est réservée ou qu'on ne s'implique pas forcément dans toutes les activités de la classe qu'on mérite ça. C'est juste la cruauté humaine. on prend un bouc émissaire et on le saigne pour éviter de se regarder en face.

(commentaire trop long, multiples suites à venir :p)

Demoiselle aux myosotis a dit…

Au final ça conditionne toujours qui je suis actuellement, même si le traumatisme s'est largement estompé. J'ai toujours cette peur de déranger, de m'incruster chez les gens, avoir l'impression que les gens se forcent à m'inviter d'une certaine façon, parce que je suis la copine de machin ou de bidule, ou même pour avoir plus de monde à la soirée (parce que plus on est nombreux, plus ça fait classe, c'est bien connu).

Finalement, ça ne fait que quelques années que ma vie sentimentale (au sens large, ça comprend les amis aussi) s'est un peu stabilisée. Je dirais pas plus de trois ans. Je crois simplement que j'ai appris à vivre avec ça, et que j'ai eu la chance de tomber sur des gens qui ne m'ont pas jugés et qui me comprennent, à distance ou plus près de moi. Mais des expériences comme ça, elles ne s'en vont jamais, alors forcément qu'à des moments ça ressort. En situation de stress particulièrement.

Ma paranoïa, j'ai appris à la relativiser. Ça ne fait pas si longtemps que ça, et je pense que le moindre coup dur émotionnel la ferait sans doute revenir. L'épisode Valdar ne m'y a pas trop aidée d'ailleurs. Y'a une période où j'ai passé mon temps à ruminer "mais est-ce qu'il se foutait de moi depuis le début ?" "est-ce que les gens le savaient et ne m'ont rien dit ?" "et pourquoi ils ont fait ça ? Est-ce que c'est ma faute ?" Et ça, c'est en boucle non-stop.

C'est étonnant de voir comment, quand on va mieux, on a tendance à occulter tout ça. Mais c'est juste caché, ça n'a pas disparu. C'est juste que je le gère mieux.

Au final je me dis que j'ai bien droit à une pause. Et quand les gens me disent qu'ils m'apprécient, et bien tant pis, je les crois et si je dois être déçue plus tard, ben ça sera plus tard.
C'est pas toujours facile, de faire comme sa mère le veut. De toujours se débrouiller toute seule, de ne se fier à personne et d'agir selon sa conscience et ses envies. Seulement quand tous les autres sont partis, et bien nous, on est toujours là. Maigre satisfaction, mais suffisante pour ne pas juste devenir folle.

Alors évidemment, ce commentaire est encore en mode mylife.com, seulement je pense que parler de ses expériences, c'est encore la meilleure façon de traiter un problème de cet acabit.

Donc au final oui, "ignore les", même si on sait tous que c'est impossible. Ça veut juste dire "ne change pas pour des gens qui de toute façon n'en valent pas la peine, ou des problèmes passés auxquels tu ne peux plus rien, et attends les gens qui te les feront oublier."
L'attente est longue et difficile. Mais je m'accroche à l'idée qu'elle vaut le coup.

Demoiselle aux myosotis a dit…

Voilà, je ne sais pas trop si ce genre de message t'es utile ou t'aide de quelque façon que ce soit, mais on va dire que c'est ma contribution à cette discussion. On n'est pas vraiment proches et on ne se parle pas très souvent, pourtant comme Elna et Tillia je m'évertue à garder ton blog dans mon index, même si tu ne le mets plus à jour, ton msn et ton numéro de portable ont survécu aux multiples purges que j'ai opérées, même si je ne m'en sers pas franchement souvent. Au final je pense que même si on n'a pas trop de contact les uns avec les autres il y a quand même un petit quelque chose qui nous lie, et qui fait qu'on peut avoir des discussions sérieuses et importantes, comme aujourd'hui, même après ne s'être pas parlé pendant des mois.

C'est quand même bien, internet.

(Voilà, là c'est la fin :p)

Senna a dit…

Humm comme quoi on croit connaitre un "peu" les gens et finalement pas. En tout cas ton histoire est très touchante et d'autant plus que raconté en 2006, on sent toute la sincérité dans tes propos.
Çà n'a vraiment pas du être facile tous les jours. J'espère que ça c'est amélioré avec le temps.
En tout cas courage pour la suite zazounette ^^ .

Sliwa a dit…

:x
(Plutôt contrastant avec les commentaires plus haut, je sais. En même temps, je suis la moins placée pour parler, alors hein. Mais j'avais juste envie, c'est tout. :x)